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Prise de parole : votre corps est votre meilleur allié

Les sportifs commandent à leur corps. C’est une évidence. Il n’est pas toujours facile de le commander, mais à force d’entraînement, ils y parviennent. Même et surtout au plus fort de leur stress, dans les compétitions les plus difficiles. C’est même cette maîtrise de leur corps qui les distrait de leur stress. L’erreur de la plupart de nos orateurs aujourd’hui, managers, politiques, enseignants et autres, est de penser que leur cerveau fait tout et que leur corps ne compte pour rien, ou qu’il compte seulement pour le jeu de manche.

L’erreur des orateurs : tout miser sur le cerveau

Il faut voir le discours comme un mouvement du cerveau de l’orateur vers celui de l’auditeur. Le désir de l’orateur est que chaque mot de son discours soit entendu et accepté dans la pensée de l’auditeur pile comme il le souhaite. Et ce, du début à la fin du discours. Exactement comme l’archer souhaite dans chacun de ses tirs atteindre pile le cœur de sa cible. À la différence près que le discours de l’orateur est une production continue et qu’un seul tir de l’archer équivaut à un discours complet. On imagine donc le défi à relever pour l’orateur : une production continue de centaines de mots successifs, tous entendus et acceptés par l’auditeur. Un auditeur dont, de surcroît, chaque mot change l’état. C’est dire qu’après chaque mot, la cible de l’orateur est nouvelle. L’attention de l’orateur sur l’auditeur (ou sur les auditeurs quand il y en a plusieurs) doit donc elle aussi être continue.

Il faut définitivement abandonner la prétention absurde de réfléchir aux mots ou aux arguments du discours avant de les prononcer. Elle est d’autant plus absurde que, pour mieux y réfléchir, l’orateur quitte du regard l’auditeur. Il se prive ainsi du contact avec l’état dans lequel le mot ou l’argument précédent l’a laissé. Il se prive donc de la possibilité de trouver le mot ou l’argument pertinent pour toucher juste.

Regard, dos, voix : utiliser son corps pour des prises de parole réussies

Le bon orateur animalise le travail cérébral. Il compte non pas sur la réflexion qui arrête l’action, mais sur l’intuition qui la génère. Il faut pour cela que ses sens soient en éveil, et particulièrement son regard sur l’auditeur. Or quand l’orateur entre en scène habité d’une curiosité voulue pour l’état de l’auditeur, curiosité qui ne se relâchera pas tout le long de la rencontre, instinctivement son dos se redresse. Il peut et doit le vérifier. C’est en plus le signal physique qui lui indique que son regard est juste. Ensuite, le discours doit être porté par une voix audible et musicale, pour toucher continuellement le cœur de la cible. L’orateur doit donc la rendre belle, pour faire vibrer l’auditeur au diapason de ce qu’il vit lui-même en vocalisant son discours.

Le bon orateur permet ainsi à l’auditeur de faire l’expérience de son point de vue, le temps que dure son discours. Aucun auditeur, même le plus opposé à l’opinion de l’orateur, ne le lui reprochera. Cette expérience nouvelle s’ajoutera pour l’auditeur à toutes les expériences de vie précédentes qui le constituent. De sorte qu’après avoir écouté le discours d’un bon orateur, l’auditeur n’est plus tout à fait le même qu’avant.

Commander à son regard, vérifier la tenue parfaitement verticale de son dos et commander à sa voix, c’est commander à son corps.  Ne faites que cela et le cerveau suivra. Cessez de le surveiller et faites-lui confiance.