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La respiration en Art Oratoire : un non sujet

Dans la pratique sportive en général l’inspiration est passive et l’expiration est active. Le sportif allongé, les mains croisées sous la nuque pour soutenir sa tête, souffle volontairement pour aider son effort quand il lève les jambes tendues pour « travailler ses abdos », c’est l’expiration active. Puis il laisse passivement revenir son inspiration quand il repose ses jambes sur le sol, c’est l’inspiration passive. Comment le processus respiratoire doit-il se comprendre dans la pratique de l’Art Oratoire ?

Il faut d’abord noter que l’expiration n’intervient dans le discours de l’orateur qu’au moment de la production des sons, jamais pendant ses silences. On ne la dit active que parce qu’elle est quasiment aspirée dans l’action vocale de l’orateur. Deux conditions seulement sont nécessaires pour qu’elle se déclenche toute seule. La première est que l’orateur aie une saine posture verticale (son corps se redresse naturellement quand il décide de porter sur son public un regard d’intérêt véritable), elle permet la libre circulation dans son corps de la colonne d’air. La seconde est que l’orateur ait une volonté bien accrochée de produire une belle voix tout le long de son discours. Elle suscite la montée instinctive de son diaphragme pour maintenir une pression constante dans sa colonne d’air au fur et à mesure de la prononciation des mots. C’est ainsi que l’expiration dite active joue son rôle dans le discours sans que l’orateur ne pense à la solliciter. Pour lui, l’expiration dite active est passive. Pour le sportif qui pousse volontairement son expiration en même temps qu’il pousse son effort musculaire, au contraire l’expiration dite active est bien active.

Quant à l’inspiration passive, elle porte bien son nom aussi bien pour l’orateur que pour le sportif. Lorsqu’au terme de l’expiration dite active le diaphragme de l’orateur est monté très haut pour soutenir la voyelle finale d’un groupe de mots, ses poumons sont comprimés comme une éponge contre le haut de sa cage thoracique. Dans le silence qui suit, quand l’orateur s’apprête à poursuivre son discours, le diaphragme redescend comme un ressort-lame tendu à l’extrême qu’on lâche, croise sa position de repos et par inertie se retend dans sa position basse extrême. Le vide ainsi créé dans l’éponge pulmonaire soudain décomprimés aspire puissamment l’air de l’extérieur. Le diaphragme à nouveau tendu est prêt à remonter pour l’expiration suivante, quand l’orateur prononcera les mots nouveaux que lui dictera son cerveau. L’inspiration passive l’est donc autant pour l’orateur que pour le sportif.

Stéphane André