Mi-décembre, François Hollande était interviewé sur la chaîne France Info par deux journalistes : voici ce que nous avons vu. Un festival de « euh… » naturellement accompagnés de regards dans le vide en face de lui. Ses « euh… » ne semblent pas le gêner. Ne regardant plus les deux journalistes, il pense peut-être les effacer du plateau. Mais c’est l’inverse qui se produit. Il s’absente et les deux journalistes, en même temps que nous, endurent ce festival de « euh… ».
Interview de François Hollande : décryptage de son Art Oratoire
Ce qui est frappant chez cet ancien Président, c’est l’opposition entre la connaissance approfondie des sujets dont il traite, et son incapacité à rassembler ses arguments dans une ligne claire, tellement elle fourmille d’incidentes. Le regard dans le vide pendant ses « euh… », il trouve toujours un commentaire à faire sur ce qu’il vient de dire, et ne peut s’empêcher de le rapporter en regardant à nouveau les journalistes.
S’ajoute à ce désordre dans son texte une voix de conversation privée, plutôt qu’une voix d’orateur capable d’émouvoir des millions d’auditeurs. Les quelques courageux qui l’écoutent jusqu’au bout comprennent ce qu’il dit, mais n’en sont sûrement pas émus. « Rien de nouveau tout cela », se disent-ils, « on le savait déjà ». Ils entendent les arguments, mais ne voient pas de perspective.
Convaincre par l’éloquence : un objectif pour François Hollande ?
Si François Hollande ne quittait pas les deux journalistes du regard, ses « euh… » disparaitraient et son discours ne fourmillerait plus d’incidentes. Ses démonstrations s’en trouveraient plus claires. Ses alliés politiques se diraient qu’il a raison et ses adversaires se surprendraient à réfléchir à son propos. Mais aussitôt après l’émission, pris par d’autres sujets, alliés et adversaires oublieraient tout.
Pour qu’ils n’oublient pas, François Hollande devrait, en plus, porter ses démonstrations d’une voix d’orateur, seule propre à la vie publique. Ce serait soudain celle d’un ancien président de la République. À sa seule écoute, on vivrait les conséquences, bénéfiques ou menaçantes, de ses démonstrations. L’émotion suscitée par cette voix nous donnerait soudain accès à une perspective déterminant nos choix futurs de citoyens.
L’Art Oratoire au service de la résolution de nos crises politiques
Il paraît évident que François Hollande souhaiterait sortir le Parti Socialiste de sa dépendance à l’égard de la France Insoumise et de son tribun Mélenchon. Il devrait pour cela prendre l’ascendant au sein de son parti sur Boris Vallaud, patron des députés socialistes et Olivier Faure, patron du parti lui aussi député. Il entraînerait alors tous des députés PS dans son sillage et leur donnerait les moyens de trouver des compromis avec le gouvernement de François Bayrou. Le PS aurait alors un poids déterminant pour sortir notre pays de la crise.
En démocratie, les meilleurs orateurs déterminent les mouvements de l’opinion. Mélenchon a déterminé la construction et l’orientation idéologique du Nouveau Front populaire. Le terne Olivier Faure et le fébrile Boris Vallaud n’ont pu y résister. Si François Hollande le voulait, il n’aurait aucun mal à effacer ces deux faibles orateurs de l’esprit des socialistes. Il pourrait alors déconstruire le NFP et redonner vie à la gauche du gouvernement.
Peut-être devrait-il regarder des vidéos des discours de François Mitterrand.
Stéphane André