































Lundi 20 janvier 2024, Donald Trump, quarante-septième Président des Etats Unis, a prononcé son discours d’investiture. Nos lecteurs habituels noteront qu’il est loin de correspondre aux critères que notre École privilégie pour caractériser les bons orateurs.
Quelques observations sur l’expression de Donald Trump à la tribune. Le dos est vouté, la tête projetée vers l’avant entre deux épaules légèrement relevées. La mimique est dure et figée. Nous l’avons souvent comparée à un blindage facial. Ses gestes partent le plus souvent des coudes collés au corps, les paumes tournées vers le public, comme pour le bloquer. Quand il danse sur scène, les coudes toujours collés au corps, il ferme ses poings. Il aime désigner du doigts des gens qu’il reconnaît dans la foule en se penchant franchement vers eux.Dans sa première campagne présidentielle, il est allé jusqu’à mimer un coup de revolver vers son adversaire Hillary Clinton.
Donald Trump concentre son énergie dans le haut du corps et la projette en avant. Cela explique sa voix coincée dans son larynx. Elle est si peu musicale que ce pourrait être la voix d’une machine. Cet orateur avance à la tribune vers publics, comme un char vers l’ennemi. Ceux qui passent de son côté lui emboitent le pas, les autres sont écrasés. Menacé de prison par Donald Trump s’il n’arrêtait pas le fact-checking sur son réseau Facebook, Mark Zukerberg, l’a bien compris.
De manière moins prononcée, Nicolas Sarkozy présente les mêmes défauts techniques que Donald Trump. Coups d’épaules, tension faciale, saluts de la main paume tournée vers le public semblant le repousser, voix plus audible mais tout de même en appui laryngée.
La brutalité physique de Donald Trump à la tribune se retrouve bien dans ses propos, les intentions qu’il exprime, et ses premiers décrets de Président. Un médecin parlerait d’un état général brutal de ce de type d’orateur, qui peut aller jusqu’à se comporter en dictateur. C’est ce que nous caractérisons dans notre école par la formule PV=>I. Elle exprime que la qualité de la relation physique (P) et vocale (V) qu’un orateur entretient avec son environnement humain, détermine naturellement la qualité de la relation intellectuelle (I) qu’il entretient avec ce même environnement.
Les orateurs de ce type peuvent bien sûr être élus aux plus hautes fonctions d’un état. Il suffit pour cela que le pays doute de lui-même -. Ils ont plus encore de chance d’être élus quand le pays vit une grande crise.
La question qui pourrait dés lors se poser pour Donald Trump est la suivante. S’il travaillait l’Art Oratoire pour se donner une belle verticalité, une superbe détente faciale, une voix puissante et musicale, sa relation intellectuelle à son environnement humain s’en trouverait-elle transformée ? Sans hésitation notre École répondra toujours oui. Donald Trump cesserait alors d’être un chef qui s’impose, impose et divise, pour devenir un leader qui s’expose, expose et rassemble.
Mais pourquoi le ferait-il ? Son système d’expression est parfaitement cohérent et son impact évident. Nous avons là un orateur très efficace qui s’appuie sur son charisme naturel et non sur un travail quelconque. La technique de l’Art Oratoire est une vision humaniste de la parole. Malheureusement, l’humanisme n’est pas ce qui anime tous les grands de ce monde.
Stéphane André
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