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Discours de Joe Biden en Israël : pas d’éloquence sans engagement physique

Après le massacre de civils israéliens par le Hamas le 7 octobre 2023, Joe Biden en visite en Israël a demandé à Benyamin Netanyahou de faire de la libération des otages « la priorité des priorités » et d’autoriser l’acheminement d’une aide humanitaire à la population de la bande de Gaza. Juste avant de rentrer aux États-Unis, le 18 octobre, il l’a annoncé dans un discours à Tel-Aviv. Il comptait ainsi mobiliser l’opinion israélienne, pour qu’elle fasse pression sur Benyamin Netanyahou qu’il sait plus proche de son adversaire politique Donald Trump que de lui-même.

Le journal « Le Point » du lendemain, 19 octobre, s’interroge : « Les Israéliens l’ont-ils écouté ? ». L’auteur de l’article en doute. Car, explique-t-il, après le départ de Joe Biden, Benyamin Netanyahou a déclaré à la télévision : « Oui, la libération des otages est prioritaire », en se bornant à demander à la Croix Rouge de se rendre sur leur lieu de détention. Il a aussi indiqué « qu’il n’autoriserait pas le transfert d’aide humanitaire à Gaza depuis son territoire ». Pour le journaliste, le discours de Joe Biden fut sans effet. En ce début du mois de novembre, hélas cela se confirme.

Nous avions déjà commenté dans cet article les discours filmés de Franklin D. Roosevelt qui déclarait la guerre au Japon face au Congrès Américain, du général De Gaulle en 1942 à l’Albert Hall qui soutenait la résistance française sous l’occupation, de Winston Churchill en 1943 encore face au Congrès Américain qui demandait une intervention plus poussée des États-Unis contre les forces de l’axe, et du général De Gaulle en 1966 à Phnom Pen qui voulait convaincre les Américains d’arrêter leur guerre au Vietnam.

L’investissement physique des orateurs dans ces quatre discours était extraordinaire, même en 1966 celui du général De Gaulle qui était pourtant aussi âgé que Joe Biden le 18 octobre dernier. Ces quatre discours ont atteint leurs objectifs. Ils ont remué le monde à des moments cruciaux de notre histoire.

Le discours de Joe Biden en Israël, fut à l’opposé. Pas de voix, un corps au repos complet, donc pas éloquent. Donald Trump a décidément beau jeu de l’appeler « sleepy Joe ». Si l’émotion était présente chez lui, elle n’est pas passée dans son public qui ne l’a donc pas suivi. Mais il nous semble important de remarquer qu’à aucun moment dans son article le journaliste n’a évoqué le manque d’éloquence du Président Américain.

Sauf quand il cite notre « tribun », Jean-Luc Mélenchon, qui n’en propose qu’une caricature. L’Art Oratoire aujourd’hui intéresse peu les journalistes. Il est dans l’angle mort de leurs analyses.

 

Stéphane André