Les réunions prennent une place prépondérante dans la journée d’un manager au point qu’il a l’impression d’y passer sa vie entière. Comment échapper à la réunionite qui a envahi depuis des décennies les entreprises ? Observons que le manque d’efficacité de ces réunions conduit inéluctablement à en organiser d’autres qui ne font avancer les sujets que médiocrement. Cela entraine de nouvelles réunions qui conduisent à en prévoir de nouvelles aussi improductives que les précédentes et ainsi de suite…
L’exemple d’une réunionite dans une entreprise
Voyons ce qui se passe dans l’entreprise X. Nous sommes lundi matin.
Le jeune manager nouvellement promu a jugé bon d’organiser un échange entre pairs. Ainsi pense-t-il, aucune ombre au tableau, les choses seront dites. Il aime la transparence.
Il prend la parole en s’appuyant sur la personne qu’il connait le mieux, son directeur commercial. Naturellement, ce dernier se sentant invité à l’échange, rebondit sur ce qui lui a été dit et le manager répond à la sollicitation de son collaborateur. Au bout d’un temps, les autres acteurs se sentent délaissés, certains sont soulagés, ils détestent intervenir. D’autres frustrés, ils ont des choses à dire mais ne se sentent pas invités à s’exprimer. Un autre, plus aguerri, démarre une intervention passablement agacé de ce qui vient de se passer. Il cible ostensiblement le directeur commercial qui, se sentant interpellé, répond de façon abrupte. Et ainsi se poursuit l’échange. A la fin de la réunion, l’ensemble des acteurs ont l’impression d’avoir perdu leur temps. Une majorité n’a pas pu s’exprimer, d’autres se sont sentis agressés… L’enfer est pavé de bonnes intentions. L’intention vertueuse du manager n’a pas suffi.
Comment remédier à cela ?
La parole circule depuis toujours dans les organisations mais les acteurs eux sont rarement formés pour que celle-ci circule de manière fluide.
La parole professionnelle, autrement baptisée Art Oratoire, devrait faire l’objet d’un véritable apprentissage. Les collaborateurs sont recrutés car ils sont experts d’un sujet, diplômés, ou parce qu’ils ont une bonne expérience du terrain. Bref ils sont choisis pour leurs connaissances. Or la parole professionnelle, plus qu’une connaissance est une performance, trop souvent reléguée à une place annexe.
Plutôt que de considérer cet Art Oratoire comme la dernière touche de vernis nécessaire au management, prenons conscience de l’importance de l’Art Oratoire comme fondement du management. Le manager travaillera son regard qui est la manifestation de l’intérêt qu’il porte à ses collaborateurs afin de les intégrer tous dans sa parole et de la leur donner. Il se placera ainsi en verticalité afin d’incarner sa posture de manager et de mieux structurer les échanges.
La réunionite dès lors se transformera en un échange constructif, même si l’on n’est pas toujours d’accord. La libre expression des antagonismes sera possible même à distance !
Florence Mana, Directrice pédagogique