































Philippe Silberzahn, professer à l’EM Lyon et chercheur à l’Ecole Polytechnique, publiait il y quelques années, un article intitulé La vertu des conflits dans l’organisation. C’est un professeur de stratégie malheureusement ignorant des vertus de l’Art Oratoire. Il écrit :
« Nous aimerions vivre dans un monde débarrassé de conflits, y compris au sein des organisations. Mais est-ce si sûr ? Et si les conflits, dès lors qu’ils ne dégénèrent pas en violence, étaient au contraire nécessaire à notre vie en collectivité ? Et s’ils en étaient même la principale source d’énergie ? C’est ce que suggère [dans son autobiographie] Keith Richards, légendaire guitariste des Rolling Stones. »
Et plus loin :« Selon lui [Keith Richards] ce n’est qu’à partir du moment où il a réussi à exister face à Jagger que le groupe a pu s’imposer durablement et se renouveler plusieurs fois au fil des modes et des crises. »
La question que ne pose pas Philippe Silberzahn, et qu’il devrait pourtant se poser, est celle-ci : comment Richards et Jagger se parlaient-ils ? Car le désaccord n’est pas le conflit, ou plus précisément ne l’entraîne pas forcément. S’il l’entraîne, alors la violence verbale ou physique surgit entre les protagonistes, et c’est là seulement que l’on parlera de conflit. L’arrivée de la violence prouve que les protagonistes n’ont pas su se parler. Avant qu’elle apparaisse dans leurs rapports, ils avaient seulement des désaccords. Situé à des places différentes dans leur organisation, ils avaient très naturellement des avis différents sur certaines questions. Savoir parler dans cette situation finalement très courante, c’est savoir exposer son point de vue et au contradicteur d’une part sans rien en rabattre, d’autre part sans le heurter. Trouver les mots, les tons et les rythmes qui le permettent prouve une maîtrise parfaite de l’Art Oratoire. Alors la confrontation des points de vue devient créative. Dès les premières tensions entre eux, Richards et Jagger ont dû savoir se parler. D’où l’incroyable créativité de leur groupe.
Philippe Silberzahn trouve une vertu aux conflits « dès lors qu’ils ne dégénèrent pas en violence ». Faisant cette réserve impossible, il montre la faiblesse de son raisonnement. Il devrait y intégrer la notion du désaccord. Il conclurait alors que le conflit ne naît pas du désaccord entre ses protagonistes, mais seulement de l’expression maladroite de leur désaccord. C’est ici que l’Art Oratoire trouve sa place. Qu’il me soit permis de citer ici le sous-titre de mon dernier ouvrage, Une éloquence naturelle : vers des organisations sans conflit.
Le conflit et la violence sont consubstantiels. C’est ce qui gêne ce chercheur dans son raisonnement. Loin donc d’être « nécessaire à notre vie en collectivité » comme il l’affirme, au contraire les conflits lui sont néfastes. D’abord parce qu’ils blessent moralement (quand ça n’est pas physiquement et jusqu’à mortellement dans les conflits de grande ampleur). Ensuite parce qu’ils enlèvent à ceux qui s’y laissent entraîner toute chance de faire de leurs désaccords une source de créativité pour le bien de tous.
Il faut parfois ne pas se situer trop haut au-dessus des phénomènes sociaux pour les comprendre. Descendre au plus près du terrain, comme nous le faisons chaque jour dans notre enseignement, peut être bien plus pertinent.
Stéphane André
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