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Les profs, des orateurs face à des ordinateurs

Le journal Le Parisien du 12 septembre publie un article intitulé : « À l’Université, des profs en croisade contre les ordinateurs ».

Les professeurs pourraient penser que derrière les ordinateurs les étudiants prennent des notes sur leur cours, et font peut-être même des recherches sur internet pour l’enrichir et peut-être poser des questions. Mais manifestement, ils n’y croient pas. Un professeur affirme : « Les téléphones sont bourrés de logiciels dont l’objectif est de détourner votre attention. » Un autre professeur raconte : « J’étais en train d’égrener le nombre de victimes des émeutes raciales aux États-Unis à la fin des années 1960. Et deux étudiantes souriaient de façon très franche en regardant leur écran. »

Un défi à relever pour les orateurs

Ces merveilleux appareils posent aujourd’hui un véritable défi à toutes celles et à tous ceux qui prennent la parole dans leur vie publique, du professeur au politique en passant par le manager. Quintilien, dans son traité De l’institution oratoire, écrit : « Tout discours qui exige un effort d’esprit de la part de l’auditeur me paraît être un discours en pure perte. » Le public prend comme l’eau la pente la plus forte. Il va toujours au plus facile. Il s’endort quand l’orateur est monotone, ou se focalise sur ses tics, ce qui le détourne de l’écoute du discours. Le jour où suivre le cours lui sera plus facile que s’évader sur les réseaux sociaux, il suivra le cours… en prenant s’il le souhaite des notes sur son ordinateur.

Réussir à se faire entendre malgré la barrière des écrans

Il est à craindre que les écrans soient la dernière chance offerte à tous nos orateurs, où qu’ils se trouvent dans notre vie publique, de prendre conscience de leur responsabilité à l’égard des publics dont ils réclament l’attention. S’ils ne saisissent pas cette chance, les réseaux sociaux, leurs algorithmes, les trolls et jusqu’à l’intelligence artificielle, risquent bien de prendre le pouvoir sur les esprits. Alors où ira alors le monde ?

Stéphane André