Les études abondent aujourd’hui sur la désaffection pour la fonction de manager, le désengagement des collaborateurs, la perte de sens du travail en entreprise, et même la détérioration de la santé mentale des salariés. Elles citent toutes des pourcentages catastrophiques qui traduisent en chiffres l’ampleur d’une crise générale que certains disent de la reliance. Quelles sont donc les causes de ce désengagement en entreprise ? Quelles solutions existe-t-il pour retrouver du sens au travail ? Voici notre point de vue.
Perte de motivation au travail : quelles solutions pour les entreprises ?
Pour remédier à cette crise, on suggère des groupes de parole, des séances de relaxation, des massages sur le lieu de travail, des séminaires sur la gestion du stress, des loisirs organisés en commun, et jusqu’à l’intervention dans l’entreprise de « happiness officers ».
Toutes ces actions visent à traiter la souffrance du corps social de l’entreprise sans en supprimer la cause. Elles reviennent à mettre un emplâtre sur une jambe de bois. Il ne faut en attendre aucun effet. Or, en l’occurrence, la jambe n’est pas de bois. Elle vit. Verticale et active comme une jambe en marche, c’est la ligne hiérarchique de l’entreprise.
L’organigramme en dessine l’ossature, les hommes et les femmes qui y travaillent en sont la musculature. La cause de la souffrance du corps social de l’entreprise se situe à l’intérieur de la jambe.
Les effets en sont bien la désaffection pour la fonction de manager, le désengagement des collaborateurs, la perte de sens du travail, et la détérioration de la santé mentale des salariés. Et il faut les prendre dans cet ordre. C’est bien une crise de la relation hiérarchique (reliance est le nouveau mot pour relation) qui sévit à l’intérieur de la jambe. La parole ne circule donc plus, ou si peu que plus, du haut en bas de la jambe. Elle n’irrigue plus sa musculature.
Perte de sens au travail : la responsabilité des managers
« L’entreprise n’est pas une démocratie », disait souvent Jean-Marc Moret, notre premier Directeur Général. En haut de la jambe, les managers ne sont, en effet, pas élus par leurs collaborateurs. Ils leur sont imposés. Or, pour de multiples raisons, qui tiennent entre autres aux réseaux sociaux et aux petites machines qui en sont les tuyaux, les collaborateurs deviennent pour leurs managers un public de moins en moins captif. Il leur faut donc, plus encore qu’avant, les captiver par l’éloquence. Mais ils n’y sont pas préparés et ils échouent. D’où un certain découragement et la désaffection pour leur fonction.
Ensuite, la crise se propage dans la jambe. Désengagement des collaborateurs qui s’ennuient comme on s’ennuie au théâtre quand on n’est pas embarqué par le jeu des comédiens (au théâtre, on peut quitter la salle, eux ne le peuvent pas). Par conséquent, perte de sens de leur travail qui n’intéresse personne, pas même leur manager, et détérioration de leur santé mentale qui pousse les plus touchés au burn-out. Diagnostic : crise générale de la reliance. Pronostic : désintérêt général pour l’entreprise, apparition de conflits et baisse de ses performances. Traitement : sensibilisation et formation des managers à l’éloquence.
Et si la performance des managers était simplement de savoir parler à leurs collaborateurs ?
Stéphane André