Retourner sur le site

Prise de parole en public en entreprise : l’exemple du Danemark

Le 9 janvier dernier, le journal Le Parisien publiait dans son cahier « Management » un article intitulé « Et si on s’inspirait des scandinaves »Le Danemark vit dans la culture du consensus, la France dans celle du rapport de force. Entre les deux, l’Allemagne vit plutôt dans celle de la recherche de coalitions. Cela vient des histoires respectives de ces trois pays. Celle du Danemark n’est pas celle de la France. S’inspirer n’est pas imiter, l’imitation serait en effet impossible.

L’article du Parisien cite la Franco-Danoise Malene Rydhal, auteure du livre Heureux comme un Danois. « Ça démarre à l’école. », dit-elle, « Les élèves sont encouragés à poser des questions, proposer une idée, faire une erreur sans avoir peur d’être sanctionnés, ni jugés ». Elle explique ainsi qu’au Danemark 78% des habitants se font confiance entre eux, c’est le taux le plus élevé du monde, contre 22% en France. Il paraît donc normal que le consensus en réunion dans une entreprise danoise soit plus facile à obtenir que dans une entreprise française.

Changer notre culture en France supposerait que l’on change d’histoire. C’est bien sûr impossible. Mais face à ce constat alarmant on ne peut pourtant rester inerte. On pourrait par exemple dispenser dans nos entreprises des cours d’empathie aux salariés, comme on en dispense maintenant aux élèves de collège pour lutter contre le harcèlement scolaire.

 

Hélas, comme les collégiens eux-mêmes, les salariés français n’en deviendraient pas pour autant Danois. Dans leur cerveau, l’injonction de l’empathie se heurtera toujours à des siècles d’Histoire française. Quelques heures de cours n’y changeront rien. « On ne change pas les mœurs par décret » disait Montesquieu. Comment donc espérer favoriser le consensus dans nos réunions ?

Il est une période de la vie dans laquelle tous les humains se ressemblent. C’est celle de la petite enfance. 99% des enfants ont à cette période, quels que soit les pays où ils vivent, une confiance totale dans leur entourage. Notre éducation française, qu’il faut bien ici qualifier de prédatrice, détruit cette belle confiance chez les petits Français, et ce, principalement en matière de prise de parole en public. Devenus adultes, cela se lit sur leurs corps quand ils parlent en réunion. Les regards sont fuyants ou durs, les postures effacées ou agressives, les voix ternes ou désagréables. Tout est donc fait dans notre éducation pour que la règle dans nos réunions publiques soit le rapport de force.

Dans notre école, nous entraînons nos élèves à inviter dans leur corps d’adulte l’enfant qu’ils ont été, pour tenir leurs paroles publiques. Quel que soit leur âge, leur corps en garde la mémoire. Une technique essentiellement physique leur permet d’y parvenir.

Souhaitons qu’un jour s’écrive un livre qui aura pour titre :  Heureux comme un Français.

Stéphane André